Corps et thérapie?

Voici un petit billet plus personnel que d’habitude !

Je reviens d’un long séjour en Inde, où j’ai suivi un stage de yoga. A la fin de ma première séance, j’ai eu une vraie prise de conscience : « mais où est passée la présence fine à notre corps dans notre monde occidental? ». Banalité me direz vous !

Young woman is practicing yoga at mountain lake

Je n’oublierai pas l’étonnement, et plus encore l’incompréhension de la médecin indienne quand je lui ai annoncé que je méditais depuis vingt ans, mais sans faire de yoga! Pour les indiens, l’un est indissociable de l’autre…

Le corps et l’espace thérapeutique

Mon corps n’allait pas si bien que cela! Et c’est comme un manque de cohérence qui est venu me questionner. Car  il y a longtemps déjà que j’inclue le corps et le souffle dans ma pratique thérapeutique professionnelle, longtemps que je sais à quel point notre corps a emmagasiné toutes les souffrances , traumas de l’enfance et plus. Notre corps garde la mémoire de tout, de la gestation à aujourd’hui. DNA molecules on the natural backgroundEt même au delà puisqu’il est désormais prouvé que nos traumas s’inscrivent dans notre ADN et qu’ils sont ainsi transmis à la lignée généalogique.

 

Je sais combien il est important que les personnes qui viennent me consulter reprennent contact avec eux mêmes, par la parole évidemment, mais aussi par leur ressenti corporel.

Je sais désormais à quel point je vais approfondir cette dimension, notamment dans la dimension du deuil. Mes recherches , avec peut être un livre à la clé, dans quelques mois, quelques années,  vont porter sur cette dimension charnelle du deuil.

Mais même en dehors de cet accompagnement spécifique, mes patients se verront fortement incités à pratiquer, en plus de la thérapie, tous cours/stages où le corps et la respiration sont mis en mouvement. Nous avons l’immense chance d’avoir à notre portée une floraison de cours et de méthodes : yoga  mais aussi Qi Gong, Taichi, Wutao, Danse des 5 Rythmes, ou très simplement la marche à pied!

Les bienfaits en sont connus , pour la santé , mais aussi  pour le mieux être: réduction du stress, remise en mouvement de l’énergie vitale , dont manquent terriblement les dépressifs, meilleure confiance en soi et surtout une joie de sentir son corps vibrer. Joie qui se répercute dans tous les aspects de la vie quotidienne, dans ses relations familiales et professionnelles.

Pourquoi le yoga et pas le badmington?!

Toute pratique sportive apporte effectivement des bienfaits, du plaisir, du mieux être. Mais il y a dans les activités apportées par le monde asiatique une dimension qui me semble importante. S’installer dans une posture de yoga ou de taichi, par exemple, oblige notre esprit , notre mental et in fine notre ego, à lâcher prise. Il y a donc dans ces diverses techniques, un aspect méditatif ( même si les postures peuvent être très exigeantes physiquement!), un aspect introspectif, un espace de véritable transformation de soi, qui je pense, n’existent pas dans le badmington ou le lancer de javelot…

Les bienfaits d’une détente profonde du corps s’apparentent à un chemin de liberté: une meilleure relation à son corps, et l’apprivoisement de son souffle offrent le calme du mental, la croissance d’un jardin intérieur et la libération de nos cuirasses émotionnelles.

Car il se joue tant de choses en 1h de yoga! L’enfant trop avide de bien faire réapparaît, vite suivi du critique intérieur qui nous montre à quel point la personne d’à côté  » y arrive bien mieux ». L’évitement de l’exigence d’une posture, pour rester dans sa zone de confort, pointe son nez.. la satisfaction de l’ego quand on s’aperçoit que là, enfin, la posture est parfaite..pour une seconde plus tard se retrouver en total déséquilibre.

A très court terme,un des gains les plus visibles est de pouvoir mettre de la distance entre soi et le tracas du monde, le sien et celui de l’environnement.

Young Businesswoman Doing Yoga On Wooden Desk In Office

Mais l’intérêt profond réside dans ce condensé de vie, de notre vie, avec, millimètres par millimètres, la sensation enthousiasmante de progresser,et plus encore d’affiner notre ressenti corporel , notre respiration et notre liberté d’être.

Vivre l’union avec soi et le monde

Cela semble bien ambitieux, et ce but, peut être utopique, du yoga et de la thérapie est identique!

Se mettre en mouvement psychique et physique pour aller vers…Aller vers l’union de l’être humain avec lui même,, l’union de nos dualités, ( l’ombre et la lumière, l’animus et l’anima décrits par Jung, etc..) de nos ambivalences qui nous épuisent par leur binarité simpliste. mais aussi tenter l’unité entre soi et le monde.
Couple masqué

 

Laisser tomber nos masques peut prendre du temps, et cela exige courage et persévérance.

 

Vaste programme, semé d’embuches, d’envie d’arrêter tous ces efforts, mais que la route est belle au détour d’un sentier…

L’arrivée?

Toujours après le prochain tournant, le prochain rêve, la prochaine curiosité envers soi-même et les autres!

Pablo Casals, un grand violoncelliste, commençait son autobiographie par ces mots ( je cite de mémoire, j’ai offert ce livre et n’ai pu le retrouver) : » Certes j’ai 92 ans, et je suis donc plus vieux qu’il y a dix ans, mais il me reste tant de choses à apprendre« .

Beautiful woman holding a cello with selective light in black dress artistic conversion

Voilà pourquoi, après avoir installé le yoga dans ma vie, je pars me former à la transe brésilienne, dans l’espoir de toujours mieux accompagner mes patients.

Cela va bouger!